Tout commence sur le perron d’une maison de l’Oregon, le 17 février 1958, où Mister K. décide de partir sur les routes pour une errance sans fin à travers les États-Unis, plongé dans ses souvenirs, troublé par les réminiscences de son enfance et hanté par cette mystérieuse femme aimée.
C’est à partir de photographies vernaculaires que l’artiste Sylvie Meunier tisse des récits imaginaires. Les romans visuels qui en résultent, tels que Mister K., questionnent à la fois le médium photographique et la littérature : fiction et illusion sont revisitées, interrogées à leurs marges respectives. Pour la première fois, le travail de collecte d’images est mêlé à celui de l’écriture fictionnelle en jouant avec les codes photographiques du noir et blanc et ceux, narratifs, du roman policier. Écriture et images vibrent de concert pour composer une intrigue qui nous amène aux frontières du fantastique. Le récit immerge le lecteur dans une atmosphère mi-polar, mi-auto-fiction. Le narrateur fuit un événement qu’on suppose traumatique : tel un road-movie, au fil des highways interminables, de paysages énigmatiques, de motels perdus au milieu de nulle part, des bribes de corps et de visages flous défilent sous nos yeux sans que nous parvenions totalement à les capturer.
Dans ce « roman photographique » où alternent images et incises textuelles, les genres se mêlent pour créer une œuvre : à la fois livre de photographies, récit littéraire, fiction cinématographique, investigation psychologique… Le rythme narratif mené sur le mode du « je » entraîne le·la lecteur·rice dans un univers à la fois étrange et familier, celui d’une Amérique de la Beat Generation, d’un âge d’or du film noir hollywoodien.