L’exposition itinérante « Gathered Leaves », inaugurée à Londres en 2015, rassemble quatre travaux emblématiques produits sur une décennie : Sleeping by the Mississippi (2004), Niagara (2006), Broken Manual (2010), Songbook (2012-2014). S’y ajoute A Pound of Pictures (2022) réalisé pendant une série de road trips à travers les États-Unis entre 2018 et 2021. La présentation est conçue pour refléter l’évolution de ces séries individuelles qui sont passées de la maquette ou de la page du livre au mur de la galerie.
Le titre « Gathered Leaves » fait, d’une part, référence à la photographie en tant que feuilles de papier rassemblées et, d’autre part, à un vers tiré du poème, Song of Myself (1855) de Walt Whitman qui évoque la diversité de la nation américaine à la veille de la guerre civile. L’Amérique du début du XXIe siècle que décrit Alec Soth est, elle aussi, saisie dans une période de tension entre des désirs contradictoires d’individualisme et de communauté.
Soth se considère avant tout comme un photographe américain. Ses photographies les plus connues représentent des personnes et des lieux découverts en parcourant les États-Unis de long en large. Les paysages de son pays – le Mississippi, les chutes du Niagara, les grands espaces désertiques et sauvages, les petites villes et les banlieues – fournissent le cadre de ses enquêtes poétiques sur la vie de ses concitoyens. Mais son travail se distingue par un sens particulier de ce que signifie « documenter ». Comme il le dit lui-même, il ne s’agit pas de capturer un moment décisif, mais plutôt d’arrêter les choses pour pouvoir les regarder : « Pour moi, la photographie est autant liée à la façon dont je réagis au sujet qu’au sujet lui-même. »
Commissariat : Magnum Photos