«C’est comme une maison de vacances. On pose nos valises. On ne restera pas, mais c’est lumineux. La lumière est présente partout. La baie est en bas à pied, tous les jours d’un point à l’autre, dans tous les sens, on y plonge. Ici, ils disent que la presqu’île, c’est plutôt une pointe. Le bout de quelque chose. Territoire vivant, en mouvement, en perpétuelle mutation.
Témoin, je l’embrasse, le dessine, le parcours y construit mon histoire. Ici, à chaque marée, la mer et le vent sculptent le paysage. Rien n’est jamais pareil, rien n’est complètement différent. Pour tenter d’appréhender cette évolution permanente, j’utilise des procédés qui favorisent une vision en mouvement. Je pose des boitiers avec du papier sensible et je laisse faire. Parfois, il se passe quelque chose : traces, empreintes. Parfois rien. Le résultat importe peu. L’important c’est la possibilité d’une apparition, une marque du passage du temps.
Alors commence l’écriture d’une nouvelle topographie du territoire, aléatoire, faite de nouveaux sentiers à explorer, de traces à suivre, de chemins de traverse. Images fugaces, uniques. Carnet, sorte de guide d’un voyage au bout du jardin, au bout du chemin, au bout … là où le ciel devient liquide.
Ces moments photographiques convoquent d’autres images, des photographies qui se cachaient au fond d’une mémoire douloureuse. Ces images d’un autre temps ont finalement trouvé une place. On sent qu’on arrive quelque part… un morceau en moins… un début. Je ne sais pas. Hier, j’ai pu ouvrir la boîte avec les photos de famille. »